Les habitués du rond-point de la Bretagne ont sûrement remarqué que la clinique vétérinaire d’Hélène de Bouclon a légèrement changé.
Disparue, la petite maison de 60 mètres carrés, place à un nouveau bâtiment sorti de terre de 420 mètres carrés. Une superficie qui a septuplé pour aussi répondre à la demande grandissante de soins pour animaux sur le territoire, alors qu’outre la demande – et comme les professionnels de santé pour humains – les vétérinaires sont des denrées rares.
Installée à Boissy-Lamberville (Eure) depuis 2020, la clinique vétérinaire a constaté cet afflux de petites bêtes. Autre particularité, les vétérinaires s’occupent aussi des animaux de la ferme comme les bovins, dont s’occupent des vétérinaires encore plus rares et recherchés sur le territoire rural.
Une nouvelle place pour les animaux
Quand Hélène de Bouclon installe sa clinique en plein covid, ils sont trois vétérinaires. Aujourd’hui, ils sont 6, dont 2 arrivés au cours de l’année 2023, accompagnés de 9 auxiliaires spécialisés vétérinaires.
Rapidement, la maison/clinique est devenue trop petite.
On avait ajouté trois bungalows. Ce n’était plus possible, donc on a décidé de construire un nouveau bâtiment.
Hélène de Bouclon, vétérinaire
La nouvelle clinique dispose dorénavant de « vraies salles » dédiées à la consultation comme une salle de soins pour les veaux et une imagerie comprenant la radiographie, l’angiographie et l’échographie, un chenil ou encore une chatterie.
Une offre qui répond aussi à la demande des propriétaires d’animaux. « Le panier final augmente, oui, mais c’est aussi une demande de la part des propriétaires. Une demande systématique pour réaliser une radio ou autre, et la réponse est toujours oui », explique la vétérinaire.
Dorénavant, les animaux de compagnie sont devenus des membres à part entière d’une famille, avec un vrai suivi médical. « On les soigne au même titre que les autres membres », constate-t-elle. Elle remarque, par exemple, une augmentation du nombre d’assurances souscrites pour leur petite bête.
Quand une personne arrive avec son animal, on est capable de lui donner un diagnostic précis sur son état.
Hélène de Bouclon, vétérinaire
De son côté, elle peut y répondre grâce au développement des technologies liées aux soins animaliers de ces dernières années. « On est capable de faire une analyse de glycémie et d’avoir les résultats rapidement. Avant, on devait les envoyer au laboratoire », raconte-t-elle.
Pénurie de vétérinaires bovins
La clinique d’Hélène s’occupe aussi bien des animaux de compagnie « classiques » (chiens, chats, lapins, etc.), des animaux « plus exotiques » comme les lamas et les alpagas; « on s’adapte au territoire », dit-elle en souriant. Mais surtout, elle s’occupe des animaux dits de rente. En d’autres termes, les vaches, les poules, les moutons ou encore les porcs.
Au Neubourg ou à Évreux, il n’y a plus de vétérinaires bovins. On m’appelle en urgence, mais je ne peux pas me déplacer aussi loin. Mais, les exploitants m’expliquent qu’il n’y a que moi.
Hélène de Bouclon, vétérinaire
Au même titre que les professionnels de santé pour humains, le métier de vétérinaire est en tension. Hélène explique la situation pour plusieurs raisons.
Les vétérinaires travaillent du lundi au samedi, mais également de nuit pour les urgences. À Boissy-Lamberville, trois vétérinaires sont de garde. Une chambre et une salle d’eau ont d’ailleurs été aménagées dans les nouveaux locaux.
Des contraintes d’horaires peuvent aussi expliquer la pénurie de vétérinaires, mais pas seulement. En France, il n’existe que 5 écoles de vétérinaire, dont la dernière, privée, est née à Rouen en 2022. Une situation qui semble suivre le même chemin que les soins pour les humains…